Du 1er au 8 février 2016, un montfortain âgé de 79 ans est allé à la découverte d’une jeune entité : l’Inde.
[EN]
Dans une communauté internationale, l’humour peut conduire à des découvertes inattendues. Souvent, les repas sont l’occasion de favoriser le partage des richesses culturelles des uns et des autres. Personnellement, j’apprécie dans notre communauté internationale de Rome la façon dont les confrères parlent de leur pays d’origine, de leurs coutumes, et de leurs familles. C’est ainsi que notre nouvel évêque et « grande fratello » aimait nous faire découvrir son pays. Souvent, il m’invitait à venir visiter l’Inde. Conscient des limites qu’impose l’âge, je lui répondais : « je veux bien y aller mais quand tu seras évêque ».
Mais voici que la Providence prend parfois au sérieux ce qui n’était qu’échange fraternel. D’une façon imprévisible, l’annonce officielle de la nomination du Père Raja comme évêque nous est arrivée au mois de décembre 2015. Sans tarder, j’ai reçu une invitation à me rendre en Inde de la part du nouvel élu. Avec l’accord du Père Santino, j’ai accepté l’aventure d’un tel déplacement en ayant la sécurité d’être accompagné par un supérieur général qui prenait soin de m’accompagner en portant ma valise comme un serviteur fidèle et attentif. Arrivés à Bangalore le 1er février au matin, sur la route de l’aéroport, Raja nous souhaitait, par téléphone, la bienvenue. Ma toute première réaction a été de lui dire : « je contemple l’Inde ». Ainsi, pendant une semaine, j’ai contemplé l’Inde dans les différents aspects de sa vie quotidienne, de sa vie religieuse et de sa vie missionnaire.
• Première découverte : L’accueil réservé à l’hôte de passage dépasse toute attente.
Dès l’arrivée à l’aéroport, Mgr Gilles Côté, évêque montfortain de Daru-Kiunga (Papouasie- Nouvelle Guinée) et le Père Michael Sagayaraj, supérieur en charge de la Vice Province nous attendaient et nous offraient un bouquet de fleurs. Cette chaleur de l’accueil fraternel va se vérifier tout au long de notre séjour.
o Le soir même du 1er février, nous sommes allés dans l’un des trois grands collèges des Frères de St Gabriel présents dans le diocèse de Raja. En famille montfortaine et en présence du Frère Général des Frères de St Gabriel, le Frère John Kallarackal, les jeunes frères en formation offraient à chacun des invités une couronne de fleurs avec imposition du châle sur les épaules.
o Le 2 février, sur le lieu même de l’ordination, ce cérémonial de l’accueil a été réservé à chacun des invités.
o Le lendemain de l’ordination, 3 février, dans la famille du Père Raja, l’accueil est devenu comme une célébration.o L’une de ses sœurs s’est approchée auprès de chacun des invités et à partir de l’offrande de la lumière, nous avons été conduits spontanément à un temps de prière ensemble.
o Ce même soir, dans une famille d’une Sœur de la Sagesse et en présence de la Sœur Provinciale, ce même geste d’accueil a été réalisé d’une façon inattendue. Alors qu’habituellement, les évêques font le lavement des pieds, cette fois-ci, c’est la maman de la sœur qui a demandé à nos évêques de présenter leurs pieds, a laissé couler du lait et les a ensuite lavé à l’eau. Des gestes simples d’humanité ouvrent les cœurs.
• Deuxième découverte : les nombreuses diversités culturelles et religieuses sont omniprésentes et conduisent à des lieux d’unification parfois inattendus :
o L’Inde a réalisé l’unité de ses 29 « états » alors que l’Europe a de nombreuses difficultés à construire son unité. En effet, j’ai découvert que chaque état possède sa culture et sa langue et, cependant, il y a un seul gouvernement et une seule monnaie : la roupie.A notre maison de formation de Mysore qui accueille 38 jeunes terminant leurs études secondaires, les différences culturelles sont présentes. Lors de la soirée festive du 5 février, ils ont su souligner cette diversité d’appartenance.
o Chaque groupe s’est exprimé par des chants particuliers à leur « état ». Et cependant, une unité se crée parmi eux par l’usage de la langue anglaise, leurs études communes, les services fraternels assurés en communauté et une animation à la prière communautaire particulièrement active et responsable et vécue en fidélité à la spiritualité montfortaine. Ces jeunes seront sans doute capables d’assurer « une fraternité sans frontières » ?
o D’une façon inattendue, cette diversité des comportements se vérifie dans le mode de vie de la population. Dans une ville comme celle de l’évêché de Raja, cette diversité apparaît d’une façon imprévisible dans les rues à grande circulation. Tout le monde peut y prendre sa place : voitures, camions surchargés, motos, les nombreux piétons voire même une vache toujours considérée comme animal sacré.
o Les radars n’existent pas et la police se fait discrète. A tout instant, un accident pourrait se produire. Mais l’adresse expérimentée des chauffeurs est un gage d’une unité de circulation qui sécurise chacun à partir de l’usage permanent du klaxon.
• Troisième découverte : le diocèse de Vijayawada a su manifester sa joie envers l’enfant du pays qui revenait pour se mettre au service de tout un peuple :
o Le Père Raja est originaire de cette ville de Vijayawada. La maison familiale, alors que frères et sœurs sont dispersés à travers le monde, se situe à une quinzaine de kilomètres de l’évêché. Nous avons eu la joie d’être accueilli dans la maison familiale. Nous avons aussi pu visiter l’immense territoire universitaire d’Andhra Loyola College où Raja a fait des études supérieures. En raison de tout cet enracinement, la foule s’est rendue présente pour cette ordination épiscopale. Certains ont évalué les personnes présentes à 10000 et pour certains : plus. Le diocèse a su faire de cet événement la rencontre d’un peuple. L’information était diffusée sur tout le parcours allant de l’évêché jusqu’au sanctuaire marial distant d’environ 3kms 500. Les photos du nouvel évêque apparaissaient tous les 100 mètres. La célébration a été préparée avec soin : le professeur de liturgie qu’a été notre nouvel évêque ne pouvait qu’être satisfait. La présence d’une douzaine d’évêques et celle de 600 prêtres laissent entrevoir un soutien fraternel. Les quatre heures de célébration à la nuit tombante ont favorisé le recueillement de tous.
• Quatrième découverte : « la grand-mère France » comme aimait me le rappeler Raja a le privilège d’être présente en Inde.
o Le privilège de cette présence appartient en premier lieu au Père de MONTFORT. J’ai apprécié la façon dont nos jeunes animent leur prière communautaire en fidélité à la spiritualité montfortaine. Le message dépasse les documents écrits. En Inde, il y a toujours la façon concrète de manifester son attachement à la spiritualité. Nos 38 jeunes se présentent librement devant la grotte de Lourdes de Mysore avec leurs vélos à la main pour se rendre à leurs cours.
Dans les différents lieux visités, notre Père de MONTFORT est souvent représenté comme un missionnaire en marche. Savoir aller au-delà des frontières semble réalisable avec ces jeunes générations de montfortains.
o Un autre lien avec la France est le sanctuaire diocésain de Notre Dame de Lourdes. Des personnes de toutes religions viennent s’y recueillir. À l’extérieur du sanctuaire, des petits cierges sont allumés ou des noix de coco sont écrasées en geste d’offrande à la Vierge Marie. N’étant pas monté jusqu’à la grotte qui se situe dans la colline, j’ai vu ce vieil homme debout à l’extérieur du sanctuaire et adoptant régulièrement des temps de prière tout en appartenant, me semble-t-il, à une autre religion. La Vierge Marie sait prendre le relais de toutes nos démarches de foi. Il suffit de lui faire confiance pour dépasser les frontières des religions, des cultures, des souffrances et des espérances des peuples.
• Huit jours après la naissance de Jésus, un vieillard dont la vocation était d’être prophète, a découvert une famille aimée de Dieu.
• En 2016, un autre vieillard, dont la mission est de vivre en communauté internationale, a découvert un peuple riche d’une humanité faite d’appartenances culturelles diversifiées et de toute une histoire.
L’avenir appartient à la fraternité sans frontières.
- Père Pierre Bonhommeau, SMM
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4
commentaires
Odile
Samedi 13 Fév 2016
Magnifique.... MERCI !! Odile (laïque Montfortaine)
Marie-Pascale FORESTIER-PEDEAU
Dimanche 14 Fév 2016
UN GRAND MERCI !! Père Bonhommeau, beaucoup d'espoirs, une bouffée de fraicheur ! cela fait du bien dans notre Europe un peu ....endormie ! je crois que cela fait plaisir au Père de Montfort pour son tricentenaire ! je crois aussi que l'internationalité réveillera la "Montfortanie" en France ! bon carême. (laïque Montfortaine-Marillais)
Wim Peeters SMM
Dimanche 14 Fév 2016
Quelle joie de decouverte. Merci pour ton partage
Ginette Faucher
Mardi 16 Fév 2016
OUI, GRAND MERCI, pour ce si beau témoignage de votre expérience Indienne.
C`est un grand vent d`espoir à Esprit Marial en l`humanité et à la fraternité internationale !
C`est un grand vent d`espoir à Esprit Marial en l`humanité et à la fraternité internationale !