Missions en Bretagne
Notre Fondateur
A la fin de sa retraite au Mont-Saint-Michel, Louis-Marie part à la recherche de la troupe missionnaire dirigée par l'un des plus grands missionnaires bretons de ce temps, le Père Leuduger. Après l’avoir rejoint à Dinan, il est accepté comme membre de l'équipe. Au cours des mois suivants, il s'implique dans de nombreuses missions dans les diocèses de Saint-Malo et de Saint-Brieuc, dont une dans sa ville natale, Montfort-sur-Meu, et d'autres à Plumieux et La Chèze (où il reconstruit une ancienne chapelle, depuis longtemps en ruines, dédiée à Notre-Dame de Pitié). Toujours il choisissait pour lui, les quartiers les plus difficiles des villes où se déroulaient les missions. Il mettait souvent en place de nouvelles initiatives pour le soulagement des pauvres, par exemple une soupe populaire qu’il installa à Dinan.
Cependant, il n'est sans doute pas à son aise à travailler en équipe et, au bout de quelques mois, il quitte la communauté missionnaire pour passer un an à Saint-Lazare, aux portes de Montfort-sur-Meu, avec deux frères convers qui l'avaient rejoint. Ici, il s'occupe d'enseigner le catéchisme à ceux qui venaient dans cet ancien prieuré et de former les deux frères à l'art de vivre en communauté. Au bout d'un an, il s’aperçoit que d'autres lieux lui offraient plus d'occasions de prêcher des missions selon ses vœux. En 1708 il part travailler dans le diocèse de Nantes.
Pendant deux ans, il prêche de nombreuses missions à Nantes et dans ses environs, dont la grande majorité connait un succès extraordinaire en termes de conversions opérées parmi la population. Sa réputation de grand missionnaire grandit, mais surtout il commence à être connu partout, par les gens ordinaires qui l’appellent « le bon Père de Montfort ». Il essaie de pérenniser les résultats spirituels de ses missions en créant des confréries et des associations (celle du rosaire, en particulier …) qui encouragent les gens à être fidèles au renouvellement de leur engagement baptismal, et en érigeant des rappels concrets de la mission sous forme de croix missionnaires au carrefour des chemins. A Pontchâteau, il attire plusieurs milliers de personnes pour l'aider à ériger un rappel plus imposant de l'amour de Dieu, sous la forme d'un immense calvaire.
Ce calvaire de Pontchâteau sera cependant la cause d'une de ses plus grandes humiliations. La veille même de sa bénédiction, l'évêque, ayant appris que le monument devait être détruit sur l'ordre du roi lui-même, interdit sa bénédiction. Toute la triste affaire de la condamnation du Calvaire est le fruit de jalousie et de vengeance mesquine, mais l'évêque sent évidemment qu'il n'a pas d'autre choix pour freiner les « excès » de ce prêtre hors du commun. Ce n’est pas tout, quelques jours plus tard il intime à Louis-Marie de ne plus prêcher dans son diocèse. Ce n'était qu'un, peut-être le plus grand, des nombreux cas où Louis-Marie a été appelé à partager la Croix du Christ. Il ne s'en laissera pas abattre, mais au contraire, il écrit, réfléchit et médite. Il consigne ses réflexions dans un de ses courts écrits, la Lettre aux Amis de la Croix.
Bien qu'il n'ait pas été interdit de tout travail dans le diocèse de Nantes, il était clair que s'il voulait continuer sa prédication, il devrait aller ailleurs. Sur l'invitation de l'évêque de La Rochelle, il quitte Nantes en 1711 et entre dans la dernière période de sa vie, la plus épanouie, prêchant des missions alternativement dans les diocèses de La Rochelle et de Luçon où les deux Evêques l’avaient pris sous leur protection.