Temoignage de Cortinovis sur Blain
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Connaitre mieux Montfort
Lire le Blain est un retour à la source et saisir d’une façon limpide la personnalité de Montfort.
Dans la série Fragmenta Monfortana, est éditée par le “Centro mariano” la traduction italienne du texte biographique de Blain, sur le père de Montfort. L’initiative est à signaler pour des différentes raisons. Elle est la première traduction italienne et si bien que la plus part de nous tous, nous avons vu cet écrit dans le texte original français, ou pour avoir vérifié une citation, ou pour en avoir entendu parler, c’est une chose bien différente le lire sous forme continuée dans notre langue maternelle. Quand, il y a quelques mois, le Supérieur Provincial me demanda de me charger de la traduction de cette œuvre, je n’imaginais pas l’effet qui aurait produit sur moi. A ce moment-là, je croyais de la connaitre, du moins dans l’ensemble. Mais je découvrais que ce n’était pas tout à fait vrai. Puisque je devais lire et relire chaque page, chaque phrase, en évaluant chaque parole employée, j’arrivais à gouter le texte comme jamais je l’avais gouté auparavant. Et je veux vous l’avouer pour inviter des autres à faire la même expérience.
Le gout de la lecture est référé surtout à l’intérêt pour la personne dont on parle. Montfort intéresse chacun de nous sous tous les points de vue. Ici, c’est l’un de ses amis à parler et à écrire ; un amis sincère, intelligent, lui aussi une personne sainte, qui a connu le père de Montfort plus que autre personne et qui se charge – presque en anxieux- de le protéger des accusations et des incompréhensions rencontrées.
Mais le gout de lire vient aussi du style employé par l’auteur. Il est bien sûr âgé de trois siècles, marqué par des lourdeurs de style, mais dans l’ensemble il est brillant, fin et plein d’esprit. Il y a des pages très belles, des expressions sublimes, des observations très fines, des défenses émouvantes, des explications importantes.
En effet – on le sait – le texte de Blain est une vraie biographie, complète, qui renferme toute la période de la vie de Montfort. Il ne s’agit même pas d’une « vie abrégée » puisqu’elle considère surtout les années de la formation de Montfort et là, il se laisse aller beaucoup, et par contre sur les années suivantes il se révèle pauvres de détails. C’est plutôt un témoignage que Blain voulut rendre à l’amis qui était mort depuis peu de temps ; une sorte de témoignage, précis, passionné et convaincu, qui veut convaincre à son tour. Blain raconte en effet ce dont il a été témoin ou qui a entendu par des témoins directs.
Blain se laisse lire par un grand intérêt, même pour le rôle qu’il assume : il veut protéger l’amis Montfort, cela est bien sûr ; mais au même temps, il veut défendre aussi les formateurs sulpiciens qu’il admire et de même les évêques et les saintes personnes que Montfort rencontre et desquelles par contre il reçoit des oppositions.
Le texte de Blain devient alors précieux pour comprendre le milieu et la mentalité du temps, les méthodes de la formation, les critères d’évaluation, la sensibilité pastorale, l’idéal de la sainteté qu’on avait à ce temps-là.
En lisant Blain avec attention, il y a des nœuds qui se dénouent et de lieux communs que quelques hagiographies nous ont communiqué, victimes du désir de exhorter, à tout prix, ou par le gout de l’extraordinaire, ou par une image héroïque de la sainteté. Maintenant, il s’agit de revenir à la source où l’eau n’est pas encore polluée et peut être aussi mieux évaluée dans ses composantes ; où nous ne trouvons pas la perfection, mais où juste pour cela la personnalité de Montfort se laisse mieux saisir.
Et comprendre mieux la personne signifie comprendre à la suite ses écrits et l’enseignement spirituel qu’il nous a laissé.
p. B. Cortinovis, smm
Source: Fratres in Unum 52, 251 (2010) 35-37